Votre PrestaShop a été piraté ?
Vous constatez des comportements étranges comme des commandes frauduleuses, des redirections vers d'autres sites ou encore l'envoi massif d'e-mails non sollicités ?
L'explication est détaillée car le sujet est complexe. Pour ceux qui auront le courage de s'y plonger, vous découvrirez les coulisses de la compromission de votre PrestaShop et comprendrez pourquoi cela risque de se reproduire sans une remise en question profonde.
Une vulnérabilité est une faille de sécurité dans un système (PrestaShop, Magento, Woocommerce, etc), un module ou un script qui peut être exploitée par un tiers malveillant pour :
PrestaShop tout comme Magento, Woocommerce, etc, peut contenir des vulnérabilités qui sont exploitées par des tiers malveillants. Ces failles proviennent généralement de :
Aucune solution E-Commerce, qu'elle soit développée par des humains ou générée par une intelligence artificielle, n'est exempte de failles.
L'erreur est une constante du développement logiciel, car chaque ligne d'un programme est le fruit d'une réflexion, d'un choix technique, et parfois d'une approximation.
Les systèmes évoluent, les technologies changent, et ce qui était sécurisé hier peut devenir une porte d'entrée pour les attaquants demain.
Même les meilleures pratiques ne garantissent pas l'absence de vulnérabilités.
Les intelligences artificielles qui assistent au développement sont elles aussi faillibles,
car elles s'appuient sur des modèles d'apprentissage qui ne peuvent pas anticiper toutes les subtilités (comme les faiblesses logiques pouvant nécessiter des compétences d'architecte).
En cybersécurité, il ne s'agit donc pas de chercher un système parfait, mais d'accepter cette réalité et de réagir efficacement :
surveiller les failles connues, appliquer les correctifs rapidement et adopter une posture proactive pour limiter les risques.
Lorsqu'une vulnérabilité est découverte par un chercheur en sécurité puis remontée à l'ayant droit du programme concerné (PrestaShop SA et/ou créateur de modules tiers pour PrestaShop), l'état de l'Art impose à l'ayant droit de l'enregistrer sous une CVE (Common Vulnerabilities and Exposures).
Une CVE est tout simplement une note de sécurité, identifiée de manière unique et attribuée à une vulnérabilité, permettant aux développeurs et aux experts en cybersécurité de :
L'identifiant unique d'une CVE suit ce format : CVE-Année-Numéro
Par exemple : CVE-2025-1230
Vous pouvez également consulter les dernières CVE affectant PrestaShop sur :
Avant tout, il est important de préciser que PrestaShop SA publie systématiquement toutes les vulnérabilités identifiées dans le cœur de PrestaShop.
Le sujet abordé ici concerne uniquement les modules tiers, qui ne sont pas gérés directement par PrestaShop SA et dont la sécurité repose sur la responsabilité des éditeurs et développeurs indépendants.
Nous vous prions également de garder en tête que c'est un problème général qui va bien au delà de PrestaShop :
De nombreux développeurs et éditeurs de modules préfèrent ne pas reconnaître publiquement l'existence d'une faille dans leur logiciel. Plusieurs raisons expliquent cette réticence :
Un autre problème majeur réside dans l'incompétence technique en matière de cybersécurité de certains développeurs. Il arrive qu'une vulnérabilité soit corrigée sans que son impact réel soit compris, empêchant ainsi toute documentation et publication officielle :
Ne pas respecter l'état de l'Art en matière de cybersécurité a des répercussions directes :
Dans un monde idéal, ceux qui identifient et signalent des vulnérabilités devraient être considérés comme des gardiens protecteurs, car ils permettent aux entreprises et aux développeurs de corriger leurs erreurs avant qu'elles ne soient exploitées.
Pourtant, la réalité est tout autre : au lieu d'être remerciés, de nombreux chercheurs en cybersécurité sont ignorés, menacés, voire poursuivis en justice.
Lorsqu'une vulnérabilité est découverte et signalée à un éditeur, celui-ci réagit souvent avec méfiance ou hostilité, pour plusieurs raisons :
Les experts en cybersécurité qui signalent des vulnérabilités sont souvent assimilés, à tort, aux pirates malveillants. Pourtant, il existe une distinction claire :
Malheureusement, certaines entreprises ne font pas la distinction et considèrent toute divulgation comme une menace, quelle que soit l'intention derrière.
Idéalement, les vulnérabilités devraient être signalées par un processus appelé divulgation responsable :
Mais dans la pratique :
À force de stigmatiser ceux qui signalent des vulnérabilités, l'écosystème de la cybersécurité s'affaiblit :
Plutôt que de traiter les découvreurs de failles comme des ennemis, les entreprises devraient :
La plupart des développeurs ignorent les vulnérabilités qui nécessitent une authentification. Ces vulnérabilités sont de fait souvent rétrogradées au rang de vulnérabilités de gravité élevée au lieu de critique.
Leur raisonnement est simple : si un attaquant est déjà administrateur, il peut tout faire, donc ces failles n'ont pas d'impact réel.
Ce postulat, bien que souvent valable, devient catastrophique lorsque ces vulnérabilités peuvent être exploitées sans authentification forte.
Beaucoup de vulnérabilités ne sont pas dangereuses seules, mais le deviennent lorsqu'elles sont combinées à d'autres failles.
Un module peut, par exemple, sécuriser une action via un secret (token), tout en laissant ce secret accessible à un autre endroit via une faille indépendante telle qu'une injection SQL.
Résultat : un attaquant peut contourner toutes les protections en exploitant plusieurs failles à la fois.
Tant que ces vulnérabilités ne sont pas reconnues et traitées, elles resteront exploitables pendant des années.
Ce n'est pas parce qu'une faille est compliquée à comprendre qu'elle n'est pas dangereuse.
Refuser d'en parler ne protège pas les boutiques, cela ne fait que laisser le champ libre aux attaquants.
Beaucoup d’hébergeurs effacent involontairement des preuves cruciales, rendant impossible l’analyse des incidents de sécurité. Voici pourquoi :
Vous voulez savoir si votre hébergeur permet une analyse post-incident ? Faites ce test :
🚨 Si votre hébergeur est incapable de vous restituer cette séquence (transmise en POST), vous courez un risque majeur
Ne laissez pas la négligence de votre hébergeur compromettre votre sécurité !
Les entreprises qui éditent les grandes solutions E-Commerce – PrestaShop SA pour PrestaShop, Adobe pour Magento, Automattic pour WooCommerce – sont souvent perçues comme les garantes de la sécurité de leurs plateformes.
Néanmoins, leur marge de manœuvre est limitée.
Les solutions comme PrestaShop, Magento ou WooCommerce étant libres, elles garantissent aux marchands la pleine propriété de leur boutique.
Cette ouverture permet à des milliers d'extensions et de modules d'être développés indépendamment, sans contrôle direct des sociétés mères.
En conséquence, la société éditrice peut sécuriser le noyau de la solution et renforcer au mieux la sécurité de ses places de marché officielles. Cependant, elle n'a aucun contrôle sur les modules vendus sur des marketplaces alternatives, souvent à bas coût, qui restent la principale source de failles exploitées.
Lorsqu'une faille est détectée dans un module tiers, la société mère ne peut rien imposer à l'éditeur s'il vend son module hors des marketplaces officielles.
Même si une faille est signalée, aucune réglementation ne force l'éditeur à réagir rapidement. Et même s'il la corrige, il n'a aucune obligation légale de la documenter sous forme de CVE, ce qui empêche une diffusion transparente de l'information.
Par nature, l'Open Source permet à n'importe qui de faire ce qu'il veut, les développeurs de modules tiers ont donc une grande liberté.
Ce que la société mère peut faire :
Ce qu'elle ne peut pas faire :
Les sociétés éditrices mettent en place des recommandations, mais les éditeurs indépendants sont libres de ne pas les suivre.
Si une société mère commence à imposer des règles trop strictes aux éditeurs, cela peut :
Les sociétés mères doivent trouver un équilibre entre contrôle et liberté, un équilibre délicat qui représente un défi permanent.
Tant que les éditeurs de modules resteront libres d'ignorer les standards de sécurité et que les sociétés mères ne pourront pas imposer leurs préconisations, les marchands continueront à naviguer dans un écosystème où la sécurité repose davantage sur la chance que sur la prévention.
Cela ne garantit pas l'absence de failles, mais vous bénéficierez au moins d'une équipe dédiée à la cybersécurité, qui veillera à corriger rapidement les vulnérabilités identifiées.
Beaucoup d'éditeurs et de développeurs voient la publication de CVE (vulnérabilités) comme une faiblesse.
Ils pensent, à tort, qu'annoncer des failles de sécurité nuit à leur image et à la confiance des utilisateurs.
En réalité, c'est exactement l'inverse. Un écosystème qui publie régulièrement des CVE est un écosystème mature, professionnel et sécurisé.
Un projet ou un module qui ne publie jamais de vulnérabilités connues n'est pas plus sécurisé qu'un autre,
c'est simplement un signe que les failles sont souvent ignorées ou cachées.
Aucune technologie n'est infaillible. Ce qui différencie un écosystème sécurisé d'un autre,
c'est sa capacité à détecter, documenter et corriger ses failles rapidement.
Un marchand ou un intégrateur devrait toujours préférer un projet qui publie régulièrement des CVE plutôt qu'un projet qui prétend ne jamais avoir de vulnérabilités.
La cybersécurité n'est pas une question d'absence de failles, mais de gestion proactive et transparente des risques.
Les éditeurs qui publient des CVE doivent être systématiquement remerciés et soutenus. C'est une démarche responsable qui s'oppose à une culture du secret encore trop répandue. Dans un monde où la transparence est parfois mal perçue, il faut du courage pour reconnaître publiquement des vulnérabilités et les corriger.
À l'inverse, méfiez-vous des éditeurs qui n'ont jamais publié une seule CVE de toute leur carrière. Statistiquement, c'est hautement improbable qu'aucune faille n'ait jamais existé. Dans la grande majorité des cas, cela signifie soit qu'ils ne réalisent pas d'audit sérieux, soit qu'ils dissimulent volontairement des failles. Dans les deux cas, cela représente un risque majeur pour leurs utilisateurs.
🔑 Favorisons une cybersécurité basée sur la transparence et la responsabilité !
Face à un écosystème où certaines pratiques mettent en péril la sécurité – entre négligence, manque de compétence et absence de transparence – la protection de votre PrestaShop repose avant tout sur vous.
Dans un contexte où les attaquants exploitent les failles plus vite qu'elles ne sont corrigées et où certains éditeurs préfèrent taire leurs erreurs plutôt que de les assumer, adopter une posture proactive est indispensable.
Voici les bonnes pratiques essentielles pour réduire les risques et éviter que votre boutique ne devienne une cible facile.
Le piratage de votre PrestaShop n'est pas une fatalité, mais le résultat de l'intersection entre un laisser-aller grandissant dans la gestion de la sécurité – marqué par la négligence, l'égoïsme ou l'ignorance – et des cybercriminels (dont des criminels s'il y a recel de cartes bleues par exemple) qui ont parfaitement compris qu'ils évoluent dans un chaos propice à l'exploitation des failles.
Vous avez été victime d'un système où trop d'acteurs ignorent les bonnes pratiques, où les mises à jour ne sont pas prioritaires et la sécurité souvent reléguée au second plan.
Votre site n'a pas été piraté par malchance, mais parce qu'il était vulnérable et que rien n'a été mis en oeuvre pour atténuer vos risques.
La vraie question n'est pas « Pourquoi moi ? », mais « Comment puis-je éviter que cela ne se reproduise ? ».
Maintenant que vous connaissez les raisons, à vous d'agir : mettez en place les bonnes pratiques, exigez des solutions conformes à l'état de l'Art et refusez de dépendre d'acteurs qui ne prennent pas la sécurité au sérieux.
💡 Ignorer cette réalité, c'est s'exposer à une nouvelle compromission. Votre sécurité ne doit pas être une question de chance.